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  à ma voix pâlissent et le char enflammé du Soleil mon aïeul, et le char vermeil de l'Aurore. Par vous, j'ai amorti les flammes que vomissent les taureaux ; par vous, je les ai domptés et soumis au joug : ils ont frémi de sillonner la terre ; par vous, les guerriers nés du serpent se sont détruits avec leurs propres armes ; par vous j'ai assoupi ce dragon, de la toison gardien infatigable ; et la Grèce a reçu cette riche dépouille conquise par mes soins.
Maintenant j'ai besoin de ces sucs puissants par lesquels l'homme, dans sa vieillesse, se renouvelle, et revient à la fleur de ses ans. Je les obtiendrai sans doute; car les astres ne brillent pas en vain de tant d'éclat ; car ce n'est pas en vain que ce char, traîné par des dragons ailés, est descendu vers moi".

En effet, ce char était descendu des plaines de l'éther. Elle y monte ; et, caressant de la main le cou terrible des dragons, elle agite les rênes légères, s'élève dans les airs, plane sur la Thessalie, sur le Tempé ; et vers les monts qui couronnent ces contrées, elle abaisse son char.
 Elle cherche les plantes que produisent l'Ossa et le haut Pélion, l'Othrys et le Pinde, et l'Olympe qui porte son front dans les nuages. Elle arrache plusieurs de ces végétaux avec leurs racines; elle en coupe d'autres avec une faux d'airain; elle en moissonne un grand nombre sur les rives de l'Apidane et de l'Amphryse ; elle visite celles de l'Énipée, et les ondes du Pénée, et les bords du Sperchius. Elle en trouve dans les joncs aigus qui bordent le Bébé. Elle en cueille enfin auprès de l'Anthédon, qui n'était pas encore célèbre par la métamorphose de Glaucus.