Hersilie séparant Romulus et Tatius

Guerchin
Hersilie séparant Romulus et Tatius
1645
huile sur toile
253 cm x 267 cm

[louvre.edu], photo Erich Lessing

Le stoïcisme d’une héroïne
Inspirée des écrits de Tite-Live, l’œuvre relate l’attitude des Sabines, dont l’enlèvement a déclenché la guerre entre leur cité et Rome. Bravant les combats, elles se jettent entre leurs maris et leurs pères et déclarent qu’elles préfèrent mourir que de devenir veuves ou orphelines. Hersilie, Sabine et épouse de Romulus, le chef de l’armée romaine, sépare d’une manière héroïque les belligérants. Ainsi s’achèvent les luttes fratricides et naît l’union des deux cités. Hersilie symbolise à elle seule le groupe des Sabines. Elle occupe le centre de la composition en frise. Dans une attitude héroïque, elle est placée en contra posto, la tête tournée d’un côté, avec un profil à l’antique, tandis que sa main, en sens opposé, repousse un guerrier.

Un schéma antiquisant en frise
Dans un cadrage serré, les personnages, disposés en frise, sont peints grandeur nature, une échelle couramment utilisée par le peintre. L’espace fermé par un mur à gauche et par des lances donne au lieu un aspect de rideau de scène de théâtre pour permettre la concentration sur la présence féminine. Le caractère sculptural des personnages qui évoluent dans un espace dense, créé un effet de bas-relief antique. Cette composition se répète avec les combattants à l’horizon.
Le personnage d’Hersilie se détache à l’aide des vifs coloris rouge et vert de son vêtement, qui tranche avec le ciel d’un bleu intense. Les contours nets, en référence au style antiquisant, sont ceux utilisés par le peintre après son séjour à Rome de 1621 à 1623 auprès du pape bolonais Grégoire XV.

Une composition à succès
L’œuvre a été réalisée peu de temps après l’installation du peintre à Bologne en 1642, quand la mort de Guido Reni, qui dominait la scène artistique locale et auquel il emprunta une touche de classicisme, lui permit d’occuper le devant de la scène. Une belle postérité a été réservée à cette toile qui a sans doute fournie un modèle pour
Les Sabines de David, peintes un siècle et demi plus tard.
Le tableau était destiné à prendre place dans la galerie de l’hôtel parisien de Louis Phélypeaux de La Vrillière, édifié par François Mansart, parmi d’autres ouvrages sur des thèmes inspirés de l’histoire grecque et romaine. Si les premières œuvres évoquent des sujets héroïques masculins, les suivantes mettent en scène des héroïnes antiques. L’artiste honore la commande de trois tableaux pour ce lieu.

[louvre.edu], texte de Corinne Dollfus