Les jeux et les jouets des enfants romains

Bien que le pater familias ait eu le droit de vie et de mort sur ses enfants comme sur sa femme, les petits Romains, et singulièrement les garçons, étaient aimés ; les nombreux jouets que l'on a retrouvés dans leurs tombes, les sarcophages richement ornés dans lesquels les plus riches d'entre eux étaient enterrés témoignent d'une réelle affection des parents pour leurs enfants ; dès leur naissance, on leur offrait des jouets ; chaque année, on leur faisait des cadeaux à l'occasion des Saturnales, comme nous le faisons nous-mêmes avec nos enfants à Noël ; voici quelques-uns des jouets et des jeux dont les textes ou les objets d'art nous ont conservé le souvenir :

Le hochet et le jeu des noix

 Le petit garçon que l'on voit ici porte au cou la bulle de l'enfance ; il semble tenir à la main un sistrum, un hochet fait d'un oiseau de terre cuite rempli de petits cailloux ou de billes d'argile.

D'autres hochets, qu'on appelait crepundia, étaient enfilés sur un fil de fer ; on les passait au cou de l'enfant pour servir d'amulette. L'expression "a crepundis" signifie "dès l'enfance" et le verbe "crepitare, qui a donné "crépiter" en français évoque le bruit du hochet.


Les petits enfants aiment faire du bruit ; outre les hochets, ils avaient également des sifflets et des grelots au son gracile (le joli mot qui les désigne, "tintinnabulum" a donné notre verbe "tintinnabuler").

Lorsqu'ils étaient un peu plus vieux, les enfants romains jouaient peut-être aux billes : bien que le mot n'existe pas en latin, on a retrouvé des billes de verre et des billes de céramique dans les fouilles archéologiques. Mais leur jeu favori était le jeu des noix ; un jeu si populaire que l'expression "nuces relinquere" - "abandonner ses noix"- voulait dire "quitter l'enfance" pour aller à l'école. Ovide indique les règles de ce jeu de noix dans Le Noyer (70-86)

 

Les jeux de hasard
 Les enfants romains jouaient aussi aux osselets (talus) et aux dés. Les deux jeux à damier les plus populaires dans Rome étaient "les petits voleurs" - qui ressemblaient à nos échecs - et "les douze lignes", quelque chose comme le trictrac. On pariait aussi sur le pair et l'impair, on jouait à pile ou face, un jeu que les Romains nommaient "navia aut capita", c'est-à-dire "têtes ou bateaux", parce que leurs pièces de monnaie portaient d'un côté la tête de Janus et de l'autre un navire. On trichait beaucoup au jeu, entre autres au jeu de la mourre, par exemple, que l'on trouve encore aujourd'hui en Chine : deux joueurs se font face, main droite fermée ; au signal, ils désignent chacun un nombre compris entre 1 et 5 avec leurs doigts brutalement tendus ; chacun doit deviner le total de ses doigts et de ceux de son compagnon ; le jeu était si rapide que le mensonge était facile : "Dignus est, quicum in tenebris mices", disait-on de l'homme intègre, "on peut jouer à la mourre avec lui dans le noir"...
   
Les chars miniatures

  Les petits Romains avaient aussi des jeux plus mobiles, comme le cerceau, la toupie (turbo), dont ils activaient le mouvement à coups de fouet en la promenant "dans la vaste enceinte d'un portique circulaire" et la balle, qu'elle soit creuse ou remplie de poils, de crin ou de sable.
Les chars miniatures étaient des jouets très recherchés des garçons. Selon les travaux d'Horace, certains "attelaient des souris à un petit chariot", d'autres chevauchaient de longs roseaux en guise de monture, d'autres, plus chanceux, conduisaient un petit char attelé de deux boucs comme on peut le voir sur un bas-relief du III° siècle conservé au Louvre. Certains avaient des chevaux à roulettes, des bateaux etc.

 

Les petites filles jouaient à la poupée

 Les petites romaines jouaient à la poupée : elles avaient des poupées de bois articulées, comme celle que tient cette petite fille à la main, et des poupées de chiffon. Elles les habillaient comme le font encore aujourd'hui les petites filles et avaient parfois des maisons de poupées et des jeux de dînette.

La veille de leur mariage, elles les offraient aux dieux lares de la maison paternelle pour signifier qu'elles abandonnaient l'enfance et qu'elles entamaient une nouvelle vie, dans une autre famille.

 

 L'imitation des adultes
 Comme tous les enfants, les petits Romains imitaient les adultes ; ils étaient tantôt gladiateurs, tantôt juges ou légionnaires et avaient parfois de véritables panoplies. "Les enfants, écrit Sénèque dans De la Constance du sage, contrefont la toge prétexte, les faisceaux de licteurs et le tribunal, ils construisent, sur les rivages, des simulacres de maisons avec des tas de sable". Le petit garçon que l'on voit ici, entouré de quatre camarades, semble jouer au maître d'école ; un livre à la main, il leur fait la leçon ; un garçon (à droite) joue à l'élève attentif ; une fille (à gauche) tient sa poupée d'une main et ses tablettes de l'autre.

 
 Dans la scène suivante, sur le même sarcophage, il joue au maître présidant un banquet et se faisant servir par des esclaves ; un autre enfant lui présente un rouleau, comme s'il venait lui rendre des comptes tandis que, devant lui, l'attend son repas, un poisson, servi sur une petite table.

 Les animaux domestiques
 Les animaux domestiques étaient très prisés des petits Romains : outre les souris et les chèvres tirant leurs chars miniatures, ils aimaient les chiens, les chats, et les singes ; beaucoup d'enfants, comme le petit garçon que l'on voit ici jouer avec une oie, sont représentés avec leurs animaux favoris, surtout des oiseaux.