Les Vestales

 

Le temple que l'on voit ici, sur un détail d'un tableau de Pannini, est celui des Vestales : on le reconnaît à sa forme circulaire et à ses élégants chapiteaux corinthiens. Il aurait été érigé au centre du forum par Numa Pompilius, le deuxième roi de Rome, et reconstruit par Septime Sévère au début du III° siècle. Les Vestales y conservaient le feu sacré, qui ne devait jamais s'éteindre.

 

Les prêtresses de Vesta furent d'abord quatre puis six. Le Pontifex Maximus les choisissait parmi les petites filles d'environ sept ans selon un rituel très proche de celui du mariage :"Tu, amata, capio", disait le grand prêtre, ce qui signifie, "Toi, mon aimée, je te prends". Elles étaient d'ailleurs coiffées comme les jeunes mariées mais, au lieu de porter un voile orangé, elles portaient un voile blanc, bordé de pourpre, qu'on appelait le 'suffibulum'.

 

Une fois choisies, les Vestales suivaient une sorte de noviciat de dix ans après lequel elles faisaient voeu de chasteté. A l'origine, elle ne devaient servir le temple que pendant cinq ans mais cette durée fut bientôt portée à trente. Leur tâche quotidienne consistait à entretenir le feu et à renouveler la provision d'eau fraîche.

 

 
le temple de Vesta vu par Pannini, (détail de La Sibylle dans les ruines) photo [Louvre.edu]

 

Une fois l'an, on nettoyait le temple. Le feu en était alors sorti, à l'exception de quelques braises auxquelles on allumait le nouveau feu après avoir procédé au nettoyage de printemps.

 

Les femmes qui se mariaient après leur mission cultuelle étaient rares. On pensait en effet que le mariage portait malheur aux anciennes vestales et de fait, si le voeu de chasteté et de célibat était rompu pendant le sacerdoce, la coupable encourait la peine de mort et risquait d'être enterrée vive. Cet horrible châtiment, dont on dit parfois - à tort -, qu'il sanctionnait les vestales coupables d'avoir laissé le feu sacré s'éteindre a frappé les esprits : le peintre Danloux, au XIX° siècle, a ainsi représenté, dans Le Supplice d'une vestale, le moment où la malheureuse, enfermée dans un cachot souterrain avec un pain, une cruche d'eau et une lampe à huile, voit le bourreau retirer l'échelle par laquelle elle est descendue vivante au fond de sa tombe ; quant à Jean-François Nahmias, il a fait de la visite nocture du Champ scélérat, un moment fort de son roman historique, Titus Flaminius, La Fontaine aux vestales.

Fort heureusement, cette punition était rarement exécutée. L'empereur Domitien fit néanmoins exécuter trois vestales soupçonnées de débauche en 83 après J.C. et, en 90 après J.C., la vestale Cornelia, qui dirigeait le temple, fut brûlée vive sur ses ordres.


Malgré les exigences et les frustations du célibat, les Vestales étaient enviées car elles avaient une certaine influence sur les affaires publiques. Même après avoir terminé leur mission sacrée, elles conservaient l'estime et le respect des Romains. Avoir une vestale dans sa famille donnait de l'importance et du pouvoir.