Les cultes domestiques

 Les Pénates, divinités de la famille, se déplacent avec elle
 Les dieux sont partout à Rome ; chaque jour, on célébre les pénates, divinités du foyer qui veillent sur le feu de cuisine : le mot "pénates" vient en effet de penus, qui signifie garde manger. Les pénates se déplacent avec la famille qu'ils protègent. Lorsqu'Enée quitte Troie pour l'Italie, Créuse confie les pénates à Anchise, qu'il transporte sur son dos. L'expression française "transporter ses pénates" vient de cette coutume. Le culte des pénates est étroitement associé à celui de Vesta, la déesse du feu domestique, qui ne doit jamais s'éteindre pas plus que le feu sacré de la Cité.

 
 

 Anchise transportant ses pénates 

 

Les Lares, divinités du sol, sont attachés à un lieu

 A la différence des pénates, les lares sont attachés à un lieu fixe et ne peuvent suivre la famille dans ses déplacements ; on les honore "non comme divinités protectrices de la famille, mais comme génies du lieu où elle demeure". Ce sont des dieux agraires, protecteurs des carrefours (lares compitales), puis de la maison (lares familiares), et enfin de l'État (lares praestites).

Chaque famille procède chaque jour au culte domestique dans l'atrium, devant le laraire (lararium), une niche contenant les statuettes des lares et d'autres divinités. Les lares sont représentés sous forme d'adolescents tenant une corne d'abondance ou, comme ici, sous forme de génies tournoyants tenant de la main gauche une patère destinée à l'offrande des fruits et, de la main droite, un rhyton pour la libation de vin.

  Dieu lare - IIe siècle - bronze - h. 12,4 cm [louvre.edu], photo Erich Lessing

 

Le genius du pater familias et le culte des ancêtres (manes)
 La famille romaine honore aussi par des sacrifices le genius du pater familias, c'est-à-dire "la force de vie qui l'anime et assure la survie de la famille" et les esprits des défunts. Les ancêtres de la famille, les "mânes" ("dii manes" signifie "les bons dieux") sont en réalité des puissances potentiellement maléfiques dont il faut se concilier les bonnes grâces lorsqu'ils reviennent parmi les vivants : le pater familias y pourvoit en sortant seul dans la nuit pour leur jeter la poignée de fèves cuites qui va les apaiser. On craint de même les lémures, fantômes autorisés à quitter leur tombeau à certaines époques.

 

 

des divinités domestiques sans nombre

On n'honore pas seulement les lares sur le lararium : à leurs côtés figurent de nombreuses statuettes, comme le Mercure que l'on voit ici, offertes en ex-voto aux divinités les plus diverses. Le jour de leur mariage, les jeunes filles, après avoir offert leurs poupées aux lares de la maison paternelle, introduisent une statuette de Vénus, symbole d'amour et fécondité, dans le laraire de leur époux.

Chaque partie de la maison est protégée par une divinité domestique particulière : Forculus garde la porte, Limentinus, la pierre du seuil, Cardea, les gonds ; d'innombrables divinités aident l'enfant à grandir : Vaticanus aide le tout petit bébé à pousser son premier cri ; Cunina protège l'enfant au berceau, Rumina l'aide à téter, Statulinus ou Statinus lui apprend à se tenir debout ; lorsque l'enfant est sevré, Educa lui apprend à manger et Potina à boire ; Fabulinus lui apprend à parler ; lorsqu'il apprend à marcher, Abeona protège ses départs et Adeona ses retours.

D'autres divinités proègent le bétail et les récoltes : Bubona s'occupe des boeufs, Epona, des chevaux, Pales, des moutons, Flora fait fleurir le blé, Matula le fait mûrir, Robigo les protège de la rouille ; on célèbre aussi des entités plus abstraites comme Fors et Fortuna, deux déesses du hasard, Fides (la bonne foi), Honor et Virtus (gloire et valeur), Concordia (la force maintenant la cohérence des citoyens), Febris (la fièvre)... et, pour éviter de mécontenter quiconque, on priait même le "dieu inconnu".

 

Ex voto pour autel domestique [louvre.edu] - cliquez sur l'image pour lire le commentaire