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Les légions
romaines étaient le fer de lance de l'impérialisme
romain. C'est elles qui conquéraient le monde à
la pointe de leurs lances et de leurs épées. Aussi
les généraux vainqueurs étaient-ils largement
récompensés : sur le champ de bataille, ils recevaient
d'abord le titre d'imperator mais le Sénat pouvait
ensuite les gratifier de prières publiques (supplicationes),
voire d'une ovation (ovatio): ils entraient alors solennellement
à Rome et l'on immolait sans doute une brebis (ovis
=> ovatio) au Capitole en leur honneur. Mais la récompense
suprême était le "triomphe".
Le général,
paré en Jupiter Capitolin, montait alors au Capitole sur
un char tiré à quatre chevaux. Il traversait la
ville aux acclamations de la foule, passant sous un arc de triomphe
spécialement construit pour commémorer l'événement
; devant lui, défilaient ses prisonniers et son butin :
de lourds chariots portaient les dépouilles de guerre,
tous les trésors volés aux vaincus ; les hommes
et les femmes nobles des territoires conquis, exhibés comme
des trophées, marchaient enchaînés sous les
huées du peuple romain massé aux deux côtés
de la rue. Derrière les généraux vainqueurs
venait enfin l'armée.
Arrivée
au Clivus Capitolinus, le chemin escarpé qui menait au
Capitole, la procession se scindait en deux. Les prisonniers étaient
dirigés vers la prison ou vers la place d'exécution
(les souverains et les chefs de guerre vaincus étaient
lentement étranglés après avoir été
humiliés par le triomphe), quant aux généraux
vainqueurs, ils continuaient leur chemin jusqu'au temple de Jupiter,
Junon et Minerve, où ils sacrifiaient un taureau blanc
immaculé à Jupiter.
Le triomphe
était un formidable spectacle : celui de César,
qui fit défiler ses troupes en 46 avant J.C. derrrière
trois enseignes frappées des mots "veni, vidi,
vici' ("je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu"), dura
trois jours ; celui de Pompée - en 61 avant Jésus-Christ
-, vainqueur de Mithridate du Pont, dura deux jours. Ces processions
étaient souvent suivies de plusieurs jours de jeux et de
combats de gladiateurs dans les arènes .
Le peintre
Giulio Romano a représenté ici le triomphe de Titus
et de Vespasien dont l'historien juif Flavius Josèphe donne
une
Devant eux marche une captive, tête baissée,
poussée sous l'arc de triomphe par un soldat qui la tient
par les cheveux. Au-delà du symbole religieux de la Synagogue
vaincue, c'est la cruelle réalité du triomphe qui
est représentée : les prisonnières appartenaient
de droit au butin du vainqueur. Le chandelier à sept branches,
volé au Temple de Jérusalem, fait également
partie du butin qui précède les triomphateurs. Giulio
Romano a mis en abyme le motif de l'arc de Titus qui lui sert
de source iconographique : le char peint est comme la réplique
colorée du char
sculpté en bas-relief
à l'intérieur de l'arc de triomphe.