|
Trajan (53 après J.C. - 117 après J.C.), naquit
à Italica, une ville romaine du sud de l'Espagne. Brillant
soldat, il attira l'attention de l'empereur Nerva. N'ayant pas
de fils, Nerva décida d'adopter Trajan, alors âgé
de quarante-quatre ans. Nerva, qui ne régna lui-même
que deux ans, avait fait le bon choix. Trajan était populaire
dans l'armée et le Sénat voyait son accession au
pouvoir d'un bon il. Il devint donc empereur en 98, à
une époque où régnaient, à l'intérieur
des frontières de l'empire, une paix relative et surtout
une grande prospérité.
En 98, plus de soixante ans après la crucifixion de Jésus
Christ, ce n'était plus le temps des grandes persécutions
mais les Chrétiens qui vivaient à Rome continuaient
à faire problème pour les dirigeants politiques.
Le problème chrétien ne résidait pas dans
les croyances particulières des disicples de Jésus
Christ mais tout simplement dans leur profession de foi monothéiste
qui les conduisait à refuser de montrer la dévotion
patriotique qui s'imposait envers les dieux romains. Dans la correspondance
qu'ils échangèrent, Pline et Trajan se demandent
comment procéder avec eux et concluent qu'il vaudrait mieux
que les Chrétiens renoncent à leur religion.
L'événement majeur du règne de Trajan est
la série de victoires qu'il remporta contre les Daces,
dont la patrie, l'actuelle Roumanie, allait en conséquence
être annexée à l'empire. La Dacie regorgeait
d'or et d'argent et les métaux précieux commencèrent
à couler à flots dans Rome. Trajan utilisa cette
richesse inouïe à construire un forum, véritable
merveille d'architecture, avec sa fameuse colonne racontant les
campagnes de Dacie.
Le simple fait
de marcher à travers ce forum devait conférer au
visiteur le sentiment de la puissance et de la richesse de l'empire,
et, bien entendu, celui du pouvoir de l'empereur lui-même.
Pendant des siècles, le Forum de Trajan fut la merveille
architecturale inégalée de Rome. Plus de 250 ans
après la mort de Trajan, l'empereur Constantin déclarait
encore que son Forum était le plus grand chef-d'uvre
d'architecture qu'il ait jamais connu.
La plupart des gens qui voyaient l'arc de triomphe de Trajan,
la colonne décrivant ses campagnes ou la grande statue
de bronze où il chevauche un cheval étaient illettrés
; les messages véhiculés par les uvres d'art
devaient donc être parfaitement clairs pour le visiteur
sans qu'il soit besoin de les accompagner d'un commentaire écrit.
Pendant un triomphe, les Romains célébraient la
grandeur de leur empire, la puissance de leur armée et
le héros qui les avait menées à la victoire.
Après le règne d'Auguste, le héros était
toujours l'empereur. Ce type d'adoration incitait donc fortement
les souverains à conquérir de plus en plus de terres.
Un bon empereur, par définition, était un guerrier
qui pouvait se vanter des terres qu'il avait conquises, des chefs
ennemis qu'il avait tués ou qu'il avait réduits
au suicide !
Trajan continua donc à conduire ses armées très
loin, même après la conquête de la Dacie. Il
se porta aux confins est de l'empire, là où il jouxtait
la Perse (Parthia, l'actuelle Iran). La conquête de la Perse
aurait mis l'une des plus riches régions du monde sous
le joug romain. Cela aurait représenté une victoire
avec laquelle seules celles d'Alexandre le Grand pouvaient rivaliser.
Il sembla un instant que Trajan allait atteindre son but prodigieux.
Mais sa victoire fut de courte durée et cette campagne
se révéla finalement très coûteuse
et parfaitement vaine. Trajan devait lui-même mourir loin
de Rome dans ce qui est aujourd'hui la Turquie. Son corps fut
incinéré et ses cendres furent ramenées à
Rome dans une urne d'or. A nouveau, on fit une procession dans
les rues de Rome en son honneur mais cette fois, c'était
une bien triste procession pour ses sujets. L'urne contenant les
restes de Trajan fut inhumée dans le socle de la colonne,
sur le Forum qu'il avait construit. Son successeur, l'empereur
Hadrien, fit construire un immense temple au fond du Forum où
les romains viendraient pleurer sa mort et prier son esprit pour
que se maintienne la prospérité de l'empire.