Trajan

Trajan - IIe siècle -marbre - (h. : 55 cm) [louvre.edu], photo Erich Lessing


Trajan (53 après J.C. - 117 après J.C.), naquit à Italica, une ville romaine du sud de l'Espagne. Brillant soldat, il attira l'attention de l'empereur Nerva. N'ayant pas de fils, Nerva décida d'adopter Trajan, alors âgé de quarante-quatre ans. Nerva, qui ne régna lui-même que deux ans, avait fait le bon choix. Trajan était populaire dans l'armée et le Sénat voyait son accession au pouvoir d'un bon œil. Il devint donc empereur en 98, à une époque où régnaient, à l'intérieur des frontières de l'empire, une paix relative et surtout une grande prospérité.
En 98, plus de soixante ans après la crucifixion de Jésus Christ, ce n'était plus le temps des grandes persécutions mais les Chrétiens qui vivaient à Rome continuaient à faire problème pour les dirigeants politiques. Le problème chrétien ne résidait pas dans les croyances particulières des disicples de Jésus Christ mais tout simplement dans leur profession de foi monothéiste qui les conduisait à refuser de montrer la dévotion patriotique qui s'imposait envers les dieux romains. Dans la correspondance qu'ils échangèrent, Pline et Trajan se demandent comment procéder avec eux et concluent qu'il vaudrait mieux que les Chrétiens renoncent à leur religion.
L'événement majeur du règne de Trajan est la série de victoires qu'il remporta contre les Daces, dont la patrie, l'actuelle Roumanie, allait en conséquence être annexée à l'empire. La Dacie regorgeait d'or et d'argent et les métaux précieux commencèrent à couler à flots dans Rome. Trajan utilisa cette richesse inouïe à construire un forum, véritable merveille d'architecture, avec sa fameuse colonne racontant les campagnes de Dacie.

Le simple fait de marcher à travers ce forum devait conférer au visiteur le sentiment de la puissance et de la richesse de l'empire, et, bien entendu, celui du pouvoir de l'empereur lui-même. Pendant des siècles, le Forum de Trajan fut la merveille architecturale inégalée de Rome. Plus de 250 ans après la mort de Trajan, l'empereur Constantin déclarait encore que son Forum était le plus grand chef-d'œuvre d'architecture qu'il ait jamais connu.
La plupart des gens qui voyaient l'arc de triomphe de Trajan, la colonne décrivant ses campagnes ou la grande statue de bronze où il chevauche un cheval étaient illettrés ; les messages véhiculés par les œuvres d'art devaient donc être parfaitement clairs pour le visiteur sans qu'il soit besoin de les accompagner d'un commentaire écrit.
Pendant un triomphe, les Romains célébraient la grandeur de leur empire, la puissance de leur armée et le héros qui les avait menées à la victoire. Après le règne d'Auguste, le héros était toujours l'empereur. Ce type d'adoration incitait donc fortement les souverains à conquérir de plus en plus de terres. Un bon empereur, par définition, était un guerrier qui pouvait se vanter des terres qu'il avait conquises, des chefs ennemis qu'il avait tués ou qu'il avait réduits au suicide !
Trajan continua donc à conduire ses armées très loin, même après la conquête de la Dacie. Il se porta aux confins est de l'empire, là où il jouxtait la Perse (Parthia, l'actuelle Iran). La conquête de la Perse aurait mis l'une des plus riches régions du monde sous le joug romain. Cela aurait représenté une victoire avec laquelle seules celles d'Alexandre le Grand pouvaient rivaliser. Il sembla un instant que Trajan allait atteindre son but prodigieux. Mais sa victoire fut de courte durée et cette campagne se révéla finalement très coûteuse et parfaitement vaine. Trajan devait lui-même mourir loin de Rome dans ce qui est aujourd'hui la Turquie. Son corps fut incinéré et ses cendres furent ramenées à Rome dans une urne d'or. A nouveau, on fit une procession dans les rues de Rome en son honneur mais cette fois, c'était une bien triste procession pour ses sujets. L'urne contenant les restes de Trajan fut inhumée dans le socle de la colonne, sur le Forum qu'il avait construit. Son successeur, l'empereur Hadrien, fit construire un immense temple au fond du Forum où les romains viendraient pleurer sa mort et prier son esprit pour que se maintienne la prospérité de l'empire.