Claude

Tibérius Drusus CLAUDIUS, dit CLAUDE

 

Fils de Drusus et d'Antonia la Jeune, il naquit à Lyon en 10 av. J.-C., et mourut en 54 après J.-C..Par sa mère, il était le petit-neveu d'Auguste.
Les maladies et les infirmités de son enfance et de sa jeunesse, disent les historiens, lui laissèrent, avec un corps affaibli, un esprit lourd, une physionomie hébétée et un extérieur disgracieux. Il grandit dans la souffrance, le mépris et l'isolement, servant de bouffon à la table impériale, écarté des affaires et des regards du public, et vivant en compagnie de ses livres et de quelques affranchis, livré à l'ivrognerie et à la débauche. Il reçut toutefois une éducation littéraire soignée. […]
Claude traversa sans danger le règne de son oncle Tibère et celui de son neveu Caligula. Ce dernier, dit-on, dédaigna de le faire mourir, à cause de sa stupidité. Il l'avait revêtu du consulat, mais sans doute par un caprice semblable à celui qui lui fit décerner le même honneur à son cheval.
Après le meurtre de son neveu par Chéréas, Claude, craignant pour lui-même, s'était blotti derrière des tapisseries, dans le palais ; il fut découvert par des soldats, amené au camp des prétoriens et proclamé empereur, malgré la résistance du sénat (41 après J.-C.). Il avait alors plus de cinquante ans. […]
Tout ne fut pas méprisable dans sa vie publique : il montra une sympathie touchante pour les classes sacrifiées de la société antique, les esclaves, les étrangers, les affranchis ; il associa même quelques-uns de ces derniers à son autorité suprême, à la grande indignation des rhéteurs et des historiens.
De brillantes victoires illustrèrent les armées romaines, et les provinces furent gouvernées par de simples procurateurs, délégués responsables de l'empereur, au lieu d'être dépouillées et opprimées par d'avides proconsuls ou préteurs, comme aux beaux temps de l'aristocratie romaine.
L'administration fut améliorée, le poids des impôts diminué, d'immenses travaux publics exécutés. Dès son avènement, Claude rappela les bannis, porta des lois sévères pour empêcher les maîtres soit de tuer leurs esclaves soit de les abandonner dès que l'âge ou les maladies les rendaient impropres au service. Il ouvrit le sénat aux fils d'affranchis. Il avait aussi érigé en principe de gouvernement l'extension du droit de cité, et il avait même rêvé de le donner à tout l'empire.
L'extirpation du culte sanguinaire des druides dans la Gaule fut une des occupations de son règne, et il poursuivit ce projet jusque dans la Bretagne (Angleterre), où il alla en personne aider Aulus Plautius à soumettre les tribus et mérita le surnom de Britannicus, que son fils prit en même temps que lui. La Thrace fut réduite en province, l'Arménie reconquise, la soumission de la Mauritanie achevée, les Germains ramenés dans l'alliance romaine. En même temps, de grands travaux s'exécutaient ; des mines étaient ouvertes, un canal du Rhin à la Meuse était tracé par les légions, le port d'Ostie creusé, le dessèchement du lac Fucin commencé, Rome agrandie et dotée de nouveaux aqueducs, etc.
Néanmoins des violences furent commises en son nom ; de nombreuses conspirations furent réprimées avec une rigueur qui coûta, dit-on, la vie à trente-cinq sénateurs et à trois cents chevaliers. Son épouse, l'impudique Messaline, prit un ascendant absolu et bouleversa le gouvernement. L'affranchi Narcisse arracha au faible Claude un ordre de mort et fit tuer Messaline par un centurion. L'empereur épousa ensuite sa nièce Agrippine, déjà mère de Néron, et dont l'ambition était aussi effrénée que la luxure de Messaline. Il en fut encore le jouet et devait bientôt en être la victime. Il lui fallut adopter cet enfant issu d'un autre mariage et laisser préparer la perte de son propre fils Britannicus, auquel il destinait l'empire. Eclairé sur les intrigues et les crimes de sa nouvelle épouse, il se préparait à la punir lorsqu'elle le prévint elle-même en le faisant empoisonner par Locuste.
C'était, comme on sait, l'usage de mettre les empereurs au rang des dieux après leur mort. Sentant sa fin approcher, Claude s'écria ironiquement : " Je sens que je deviens dieu. " II avait régné treize ans. Néron lui succéda. (Larousse du XIX° siècle)